Avec la mort de Maud Martin-Tortelier le cordon ombilical de cette génération de violoncellistes remarquables est rompu. Le violoncelle est plus populaire que jamais, grâce essentiellement à l’héritage de Casals, le parrain, et à la génération qui l’a suivi. Tout comme les grands instrumentistes à cordes de son époque, Maud Tortelier dominait son jeu avec sa prise de son. Avec sa souplesse du bras droit et la beauté de sa sonorité, elle illustrait la fusion parfaite entre la respiration de la musique et la respiration corporelle.
En concert elle était toujours communicative et touchante. Je me souviens d’un concert à Londres en hommage à son mari. Le podium débordait de violoncellistes distingués, mais, parlant du cœur et au cœur de façon inoubliable, son Elégie de Fauré a créé le plus grand impact et a dominé le concert.
Une partie importante de sa vie professionnelle a été dédiée à l’enseignement. Elle était tout à fait dévouée à ses élèves qui se sentaient partie de sa famille élargie et l’adoraient.
Plus tard nous avons eu l’occasion de jouer ensemble au Festival International de Violoncelle à Rio de Janeiro. Elle avait accepté d'interpréter le concerto d’Elgar et le redoutable double-concerto de son mari au même programme - un tour de force dont certains parmi nous craignaient qu'il soit trop exigeant - mais le concert a été un grand succès. En quittant la scène de la salle Cecília Meireles sous de chaleureux applaudissements, elle a fait la remarque que ‘lui’, il aurait été content, avant de m’annoncer que ce serait son dernier concert, et ça l’était.